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Histoire de Cannes

L'histoire de la ville depuis l'antiquité jusqu'à nos jours.
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Légende d'une palme

Palme symbole de la ville de Cannes

La notoriété et l'histoire de la ville de Cannes reposent sur des légendes mystérieuses. Afin de mieux cerner le sens profond de ce mystère, le recours à la science, la théologie et la botanique sont indispensables. On peut s'interroger sur la présence d'une palme sur l'armoirie de Cannes qui datent d'une dizaine de siècles alors que les palmiers ne sont apparus sur la Côte d'Azur il y a seulement une centaine d'années. L'explication se trouve sous la mer : Cannes et les îles de Lérins sont situées sur des plaques tectoniques différentes et lorsque celles-ci ont bougé dans les années 400 après JC, un ras de marée s’ensuivit. Le miracle divin venait de débarrasser les îles de ses serpents laissant place à la vie monacale. Le symbole de la palme fût donc retenu par les moines car elle représente « le martyr » dans le sens du témoin d'un évènement miraculeux. L'histoire contemporaine de la ville et sa Palme d'or reprennent ce même symbole. D'autres légendes ont également fait l'histoire de la ville.

Antiquité

1500 - 1000 av JC
Selon les historiens, Cannes est située sur une ancienne cité ligurienne bâtie par les Oxybiens et les Déciates. Des fouilles archéologiques révèlent la présence d'un oppidum (ancien lieu de refuge celtique) au quartier du Suquet. Les premiers habitants étaient essentiellement au Suquet et sur les îles de Léro et Lérina (qui deviendront bien plus tard Sainte Marguerite et Saint Honorat). Anciennement Léro était le chef d'une tribu ligure qui aurait siégé sur l'île.

200 av JC
Les Grecs prennent position et commercent. Les Ligures ne pouvant se rebeller seuls face à une telle invasion font appel aux Romains qui étaient basés principalement à Massilia (Marseille) et qui naviguaient de Rome à Massilia via Forum julii (Fréjus) et son grand port militaire conçu par Jules César. Les Romains réalisent l'intérêt stratégique de Portu Canuae ou Canoïs (kan, can, désigne une butte, une éminence, colline en référence au Suquet aussi appelé Mont Chevalier bien plus tard) proche de la voie Julia Auguste qui allait de Rome à Massilia. Ils décidèrent alors de s'y installer.Portu Canuae devient comptoir romain sous Jules César puis sous le règne d'Auguste son neveu. A cette époque les Romains font des îles de Lérins une base militaire très importante dotée d'un chantier naval.

300 ap JC
Avec la chute de Rome, les îles de Lérins (Léro et Lérina) sont délaissées car pirates et barbares y passent fréquemment et détruisent tout sur leur passage.

Moyen-âge

410 ap JC
Deux moines, Honorat et Caprais, de retour de l'orient obtiennent l'autorisation de l'Evêque Saint Léonce de Forum Julii (Fréjus) de s'installer en ermite sur les îles de Lérins alors isolées et infestées de serpents. Honorat fonde avec quelques compagnons le deuxième monastère chrétien de Gaule romaine. La communauté de Lérina est alors cénobitique (lieu de vie communautaire) et elle est codifiée par la « règle des quatre Pères ». Honorat bâtit sur Lérina sept chapelles entourées de cellules.

420 ap JC
Maewyn Succat (futur Saint Patrick) vient à l'abbaye de Lérina pour deux années étudier la théologie aux côtés de Germain (futur Saint Germain, évêque d'Auxerre), puis il retourne en Irlande évangéliser et construire des églises, des monastères et des écoles. Le rayonnement spirituel de l'abbaye était devenu si important qu'Honorat et Caprais décident de construire un prieuré sur Léro pour y accueillir davantage de disciples. Le pouvoir et la notoriété de l'abbaye de Lérina permettent à Saint Honorat d'être consacré évêque d'Arles à la fin de sa vie. Historiens et théologiens s'affrontent sur l'origine du nom Sainte Marguerite attribué à l'île de Léro. La légende dit que la soeur (aucune trace ne révèle l'existence de celle-ci) d'Honorat se prénommant Marguerite, souhaitant se rapprocher de son frère qu'elle aimait tant, l'aurait sollicité pour fonder une communauté de soeurs sur Léro (future île Sainte Marguerite). Honorat aurait alors accepté à la seule condition que le frère et la soeur ne se voient qu'une fois la floraison des amandiers venue. Légende, mystère ou symbolisme, dès la présence de la communauté de femmes sur Léro, les amandiers se mettent à fleurir tous les mois, ainsi Honorat et Marguerite peuvent se voir. Face aux querelles des spécialistes sur l'origine de Sainte Marguerite, il semble que la symbolique de la floraison des amandiers apporte quelques lumières sur cette soeur de sang et de coeur. Après les différentes invasions en Gaule par les Burgondes, les Ostrogoths et Wisigoths, la très riche et puissante communauté de moines disposant de terres dans tout le bassin « canoïs » est la seule à pouvoir aider et assister la population du continent. Les moines développent leur culte et leur savoir-faire en construisant d'autres monastères et prieurés afin d'acquérir une puissance matérielle autant que spirituelle.

VIe siècle
Après avoir été ermite, moine, abbé de Subiaco puis du Mont Cassin, Saint Benoît propage le monachisme (prise de refuge solitaire) grâce aux règles monastiques qu'il écrira et qui s'imposent à toute l'église. Le monachisme Bénédictin naît. Le frère Aygulfe entraîne une révolte au sein de la communauté de Lérins en opposition au monachisme bénédictin quelque peu trop rigide. Cette révolte valut au frère Aygulfe d'être canonisé et de donner son nom à une ville du Var. Cette période du Ve et VIe siècle est dite « d'âge d'or » de Lérins puisque de très nombreux frères sont canonisés et donnèrent leur nom à des lieux qui étaient précédemment des lieux de culte celto-ligure : Saint Vincent le Lérins, Saint Hilaire, Saint Fauste, Saint Eucher de Lyon, Saint Salvien, Saint Leu, Saint Césaire, Saint Maxime, Saint Aygulfe, Saint Cassien et Saint Germain.

En 668
Un anglais, Saint Benoît Biscop s'initie à la vie monacale sur les îles de Lérins et créera à son retour en Angleterre un monastère à Jarrow où sera formé Saint Bède qui est le « Père de l'église d'Angleterre ».

En 736
C'est la première invasion sarrasine. Les invasions des sarrasins tuant et pillant n'ont pas épargné l'abbaye de Lérina. L'abbé Porcaire et cinq moines ont été massacrés sous prétexte qu'ils cachaient un trésor. Pépin Le Bref chassait une première fois ces sarrasins qui devaient revenir un siècle plus tard ayant renforcé leur base en Espagne. Les sarrasins siègent dans tout le massif des « maures » et font fuir la population de Toulon jusqu'à Antipolis (Antibes) en la terrorisant. Quand l'empire de Charlemagne se démembre, le royaume d'Arles, érigé par Boson, enveloppe toute la Provence.

IXe siècle
La Provence devient un comté, c'est une période désastreuse suite aux invasions sarrasines. C'est Guillaume, comte de Provence, qui réussit à chasser les sarrasins en 972 après une très longue bataille.

L'an mil
Toutes les superstitions étaient omniprésentes. L'autorité naturelle des moines de Lérins n'eut aucune difficulté à rassurer les populations. Après plus d'un siècle de suprématie sarrasine, les superstitions permettent aux religieux de Lérins de redevenir la « référence » des populations locales. De plus, de nombreux propriétaires terriens préfèrent placer leurs biens sous la protection de la communauté religieuse. L'an mil voit la cité cannoise prospérer (Portu Canuae devint Cannes en 1037), quatre mille habitants vivent principalement sur le mont Chevalier (Suquet). Vers la fin de siècle, sous les menaces omniprésentes des sarrasins et des gênois, le comte d'Antibes fait construire par Marcellus une fortification sur la colline du Suquet et la chapelle Notre Dame du Puy.

En 1073
L'Abbé Aldebert développe et renforce les fortifications de Saint Honorat et de la tour carré du castrum Marcellus. A cette époque, les moines de Lérins avec le soutien de la population créent quatre-vingts prieurés sur le continent faisant « refleurir » la vie agricole et spirituelle dans les hauts pays.

En 1102
L'Abbé Aldebert décède.

En 1120
Le Pape Honorius demande au comte de Provence Raymond Bérenger, successeur de Guillaume, ainsi qu'au nouvel abbé de Lérins de mettre en oeuvre les moyens et leur foi pour repousser les assauts sarrasins, génois, et espagnols. Le comte Raymond Bérenger fait don du Castrum Marcellus ou Marsellium à la communauté bénédictine de Lérins.

En 1175
Le château s'appelle dorénavant castrum Francum (château franc). Ce village fortifié se trouve au pied de la colline et comprend des habitations, un hôpital, des églises (la chapelle Sainte Anne, Notre Dame de l'Espérance) et une fontaine. Les activités du village sont liées à l'agriculture, essentiellement du blé et des oliviers. La pêche est réglementée par un acte d'allégeance. L'activité portuaire de Cannes est très importante du fait de la prospérité de Grasse qui exporte des tissus et cuirs via la mer.

En 1449
Un écrit rédigé par l'abbé André de Plaisance qui était le chef de la communauté religieuse de Lérins et également seigneur de Cannes soumet la population à certaines obligations morales et matérielles. Cet acte d'allégeance au fil du temps sera célébré de différentes façons et évoluera vers des cérémonies religieuses annuelles puis folkloriques. De nos jours, les élus locaux célèbrent Saint Honorat et sa communauté en allant au mois de mai faire des offrandes sur l'île. La fin du XVe siècle, Charles Quint, empereur de l'empire germanique et ses troupes affrontent l'armée de François 1er roi de France.

Période moderne

En 1530
Barberousse et ses corsaires pillent la région cannoise et le château de la Napoule. Seul Saint Honorat résiste aux assauts.

En 1536
Charles Quint vient loger à Cannes et sera chassé pour fuir vers Nice puis la mer. Le duc de Savoie prend alors ses quartiers à Cannes et s'empare du château Franc (au Suquet) et en sera délogé sous Henri IV. Toute cette instabilité depuis des décennies a affaibli la région.

En 1580
Des dizaines de milliers de personnes meurent en Provence à cause de la peste, Marseille dénombre plus de 20 000 morts. Cette pandémie est partie de Cannes qui compte 400 morts. Un bateau venant d'orient avait à son bord une femme contagieuse qui descendait à Cannes. A cette époque, un moine solitaire, frère Valéry vivait en ermite. Il soignait tous les malades contaminés et était dans un premier temps vénéré pour être par la suite accusé de contaminer lui-même les populations. Le moine fut condamné à Aix-en-Provence pour sorcellerie et espionnage à l'égard du roi d'Espagne et fut brûlé vif. Il reste alors trois cents habitants à Cannes, principalement au Suquet et au port. Les Cannois sont toujours sous le pouvoir des religieux des îles de Lérins.

En 1635
Les Espagnols envahissent les îles de Lérins avant de s'attaquer au continent mais pendant deux années, ils seront obligés de rester sur Saint Honorat et Sainte Marguerite. Les assauts du continent sont sans cesse repoussés par la flotte royale basée dans le golfe de Juan.

En mai 1637
Les Espagnols sont définitivement chassés par près de cent galions tous équipés de canons et par plus de six mille hommes. C'est à cette occasion que pour la première fois la marine royale utilise des bateaux à fond plat afin de transporter des chevaux. C'est après l'évacuation des Espagnols des îles de Lérins que Vauban renforce les fortifications de Sainte Marguerite.

En 1687
Le masque de fer. Il est très difficile d'affirmer les raisons de son emprisonnement sur l'île Sainte Marguerite puisque l'identité elle-même de ce prisonnier est loin d'être certaine. Les thèses d'historiens revenant le plus fréquemment attribuent à ce prisonnier célèbre deux origines probables. Le masque de fer aurait été un frère jumeau ou le frère aîné (ayant une tare) de Louis XIV qu'Anne d'Autriche et Mazarin ont écarté du trône et éduqué en secret jusqu'à la mort de Mazarin. Certains affirment que le masque de fer était le fils d'Anne d'Autriche et de Mazarin ou d'un moine. Cet emprisonnement sur Sainte Marguerite a lieu quelques mois seulement après la mort de Mazarin et durera onze ans avant de continuer à la Bastille. Tous les écrits mentionnent que le prisonnier portait son masque pendant les déplacements pour se rendre sur Sainte Marguerite, les petits déplacements dans l'enceinte de la prison puis pour se rendre à la Bastille, comme si le but de ce masque était de cacher ce visage et non pas d'infliger une souffrance. Le médecin qui ausculte précieusement et fréquemment le prisonnier atteste bien du rôle de ce masque afin de cacher son visage comme si l'évidence d'une ressemblance avec un puissant et proche d'Anne d'Autriche aurait pu trahir le secret que Richelieu connaissait, puisqu'au décès du roi Louis XIII, c'est lui-même qui place Mazarin aux côtés d'Anne d'Autriche pour assurer la régence pendant la minorité de Louis XIV.

En 1745
Le général Brown à la tête de l'armée autrichienne, avec l'aide des Piémontais et appuyé en mer par la flotte anglaise, attaque les Alpes et envahissent la Provence. Les Anglais prennent possession des îles de Lérins.

En 1747
Louis XV fait chasser les Anglais de Saint Honorat et Sainte Marguerite par le Chevalier de Belle-Isle. Cannes est à cette période peuplée de cinq mille habitants qui résident essentiellement autour du port et au Suquet.

En 1777
Louis XVI accorde l'autonomie au Cannetans (habitants du Cannet) en acceptant la séparation du Cannet et de la ville de Cannes. A cette période le peuple est en colère car le pain est cher et la famine commence à se faire sentir.

En 1788
Louis XVI met fin à huit siècles de solidarité des moines de Saint Honorat envers la population cannoise. Il ne reste à cette époque que quatre moines sur l'île.

En 1789
Révolution française par la prise de la Bastille. A Cannes, Esprit Violet est le premier maire de Cannes.

En 1791
L'esprit révolutionnaire entraîne la vente de l'île Saint Honorat pour trente-sept mille livres. Le nouveau propriétaire est Jean-Honoré Alziary qui est le père de la célèbre actrice connue sous le nom de Mademoiselle de Sainval. Cette dernière est la maîtresse à Paris de Jean-Honoré Fragonard qui a décidé de revenir à Grasse sa ville natale, non loin de l'île Saint Honarat.

XIXe siècle

1er mars 1815
Napoléon Bonaparte en provenance de l'île d'Elbe débarque dans la baie de Golfe Juan avec ses fidèles généraux Drouot, Cambronne et de sa garde Corse, au total 1200 hommes. Napoléon Bonaparte fait durant son débarquement sur la plage de Golfe Juan la proclamation suivante afin de marquer son retour et ses ambitions avant les fameuses « période des cent jours » avant la bataille de Waterloo : -« SOLDATS ! Nous n'avons pas été vaincus : deux hommes sortis de nos rangs ont trahi nos lauriers, leur pays, leur prince, leur bienfaiteur ! Ceux que nous avons vus, pendant vingt-cinq ans, parcourir toute l'Europe pour nous susciter des ennemis, qui ont passé leur vie à combattre contre nous dans les rangs des armées étrangères, en maudissant notre belle France, prétendraient-ils commander et enchaîner nos aigles, eux qui n'ont jamais pu en soutenir les regards ! Souffrirons-nous qu'ils héritent du fruit de nos glorieux travaux, qu'ils s'emparent de nos honneurs, de nos biens, qu'ils calomnient notre gloire ? Si leur règne durait, tout serait perdu, même le souvenir de ces immortelles journées ! Avec quel acharnement ils les dénaturent ! Et s'il reste encore des défenseurs de notre gloire, c'est parmi ces mêmes ennemis que nous avons combattus sur le champ de bataille ! SOLDATS ! dans mon exil j'ai entendu votre voix ! je suis arrivé à travers tous les obstacles et tous les périls ! votre général appelé au trône par le choix du peuple, et élevé sur le pavois, vous est rendu, venez le rejoindre ! ARRACHEZ, ces couleurs que la nation a proscrites, et qui pendant vingt-cinq ans servirent de ralliement à tous les ennemis de la France ! Arborez cette cocarde tricolore ! vous la portiez dans nos grandes journées. NOUS devons oublier que nous avons été les maîtres des nations ! Mais nous ne devons point souffrir qu'aucune se mêle de nos affaires ! QUI prétendrait être le maître chez nous ? Qui en aurait le pouvoir ? Reprenez ces aigles que vous aviez à Ulm, à Austerlitz, à Iena, à Friedland, à Tuledan, à Eckmühl, à Essling, à Wagram, à Smolensk, à la Moskowa, à Lutzen, à Wurchen et à Montmirail. Pensez-vous que cette poignée de Français si arrogants puisse en soutenir la vue ? Ils retourneront d'où ils viennent, et là, s'ils le veulent, ils régneront comme ils prétendent avoir régné pendant dix-neuf ans. VOS BIENS, vos rangs, votre gloire, les biens, les rangs et la gloire de vos enfants, n'ont pas de plus grands ennemis que ces princes que les étrangers nous ont imposés. Ils sont les ennemis de notre gloire, puisque le récit de tant d'actions héroïques qui ont illustré le peuple français, combattant contre eux pour se soustraire à leur joug, est leur condamnation. LES VÉTÉRANS de sambre-et-Meuse, du Rhin, d'Italie, d'Égypte, de l'Ouest, de la Grande Armée sont humiliés. Leurs honorables cicatrices sont flétries. Leurs succès seraient des crimes : ces braves seraient des rebelles si, comme le prétendent les ennemis du peuple, des souverains légitimes étaient au milieu des armées étrangères. LES HONNEURS, les récompenses, les affections sont pour ceux qui les ont servis contre la patrie et nous. SOLDATS, venez vous ranger sous les drapeaux de votre chef ; son existence ne se compose que de la vôtre ; ses droits ne sont que ceux du peuple et les vôtres ; son intérêt, son honneur, sa gloire, ne sont autres que votre intérêt, votre honneur et votre gloire. La victoire marchera aux pas de charge ; l'aigle avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame ; alors vous pourrez montrer avec honneur vos cicatrices ; alors vous pourrez vous vanter de ce que vous aurez fait : vous serez les libérateurs de la patrie. DANS votre vieillesse, entourés et considérés de vos concitoyens qui vous entendront avec le respect raconter vos hauts faits, vous pourrez dire avec orgueil : Et moi aussi je faisais partie de cette Grande Armée qui est entrée deux fois dans les murs de Vienne, dans ceux de Rome, de Berlin, de Madrid, de Moscou ; qui a délivré Paris de la souillure que la trahison et la présence de l'ennemi y ont empreints. HONNEUR à ces braves soldats, la gloire de la patrie ! Et honte éternelle aux Français criminels, dans quelque rang que la fortune les ait fait naître, qui combattirent vingt-cinq ans avec l'étranger pour déchirer le sein de la patrie. » Napoléon Bonaparte, pressé de rejoindre Paris et de renverser la monarchie instaurée par Louis XVIII, décide de prendre la direction de Cannes et d'y bivouaquer la nuit (rue du bivouac Napoléon, proche de la chapelle Notre Dame de Bon Voyage). Cette nuit à Cannes a été écourtée car un Cannois dissimulé derrière un mur essaya de viser l'empereur avec un fusil. Cette tentative d'assassinat anticipa le départ avant l'aube afin de ne pas susciter davantage de danger. Napoléon Bonaparte réalise très rapidement que la Provence est fortement royaliste et qu'elle est opposée à son retour.

En 1834
Suite aux recommandations de son médecin, Lord Henry Peter Brougham and Vaux, grand Chevalier de la reine d'Angleterre, accompagne sa fille Eléonore Louise vers des climats favorables à la guérison de ses poumons. A ce moment la destination choisie est l'Italie mais le roi du Piémont avait fermé les frontières à Nissa (Nice) pour cause d'épidémie de cholera qui sévissait en Italie. Lord Henry Peter Brougham décide alors de se rendre à la plus grande ville qui est Grasse. Faisant route, leur diligence arrive à Cannes à la nuit tombante. Il prend la décision de passer la nuit sur place, au « Relais de la Poste » au pied du Suquet. L'auberge est tenue par maître Pinchinat. Ce lieu est situé dans l'actuelle rue du port et a déjà reçu Victor Hugo, Stendhal, Prosper Mérimée, le Pape Pie VII et Chateaubriand. Henry Brougham séduit par l'hospitalité, le vin et la bouillabaisse (rascasse, grondin et congre, avec quelques crustacés, crabes, araignées ou langoustes, huile d'olive, safran, oignons, tomates, aromates et vin blanc) du père Pinchinat et la beauté des lieux. Il décide d'y prolonger son séjour pour très rapidement décider d'y demeurer. A ce moment Cannes possède 4000 habitants, vivant surtout de la pêche, de l'agriculture et du commerce. Lord Henry Brougham se fait construire la « Villa Louise Eléonore » dès le mois d'août 1835. Cette villa se situe entre le Suquet et la colline de la croix des gardes, proche de l'actuelle avenue du Docteur Picaud, futur quartier des anglais. Deux ans plus tard, Lord Henry Brougham and Vaux invite toute la haute société anglaise pour l'inauguration de sa villa de prestige. Lord Henry Brougham avait une très forte influence à Londres, il était de 1830 à 1834 ministre de la justice et était très estimé pour ses idées et ses travaux sur l'abolition de l'esclavage (en 1807). Il était également le conseiller personnel de la princesse de Galles dont il défendit les intérêts dans une histoire d'adultère face au roi Georges IV. Henry Brougham défend avec succès la princesse de Galles. Lorsqu'en 1884 il découvre Cannes, il est un peu démotivé par la politique anglaise (le roi n'étant plus favorable à sa promotion politique du fait de sa position passée à son encontre). Lord Henry Brougham and Vaux, grâce à son charisme et ses relations obtient le financement de l'état français pour l'aménagement du port de Cannes et la naissance du quai Saint Pierre. Ces constructions permettent à Grasse, capitale du parfum, de développer ses exportations et de créer des activités commerciales sur Cannes.

En 1837
La beauté du site et le climat idéal fait venir un certains John Taylor qui arrive à Cannes pour développer son art du jardin. Il deviendra agent immobilier puis bien plus tard banquier. John Taylor contribue avec Lord Brougham à l'essor de la ville. Sir Temple Leader (actuel boulevard Leader) qui était membre du parlement Anglais s'installe à Cannes. Sir Thomas Woolfield surnommé « le marquis de Carabas » ou « le Bâtisseur » fait construire le château du Riou (vallambrosa de nos jours) et la villa Victoria par l'architecte Thomas Smith. Sir Thomas Robinson Woolfield fait construire la première église anglicane, le premier court de tennis en terre battue de France (à la villa Victoria) et les premiers parcs et jardins apparaissent. La bourgeoisie anglaise comprend très vite les nombreux avantages de ce site qu'ils veulent plus valoriser. Il faut reconnaître que Cannes est avant tout une destination bénéfique à la santé du fait du climat, de l'air iodé et des senteurs végétales des terres. La réputation thermale du lieu est en vogue et attire l'aristocratie de la grande Europe.

En 1838
La construction de la jetée du port donne naissance au « yachting ». Puis le Chemin de la Croix (qui deviendra boulevard de la Croisette, non pas parce que l'on s'y croise mais parce qu'il y avait jadis à l'endroit de l'actuel Casino Palm Beach une croix tournée face au soleil levant).

En 1840
Les premières belles demeures apparaissent rue d'Antibes.

En 1848
Le consul de France à Moscou s'arrête à Cannes à la suite d'un accident d'attelage alors qu'il faisait route vers l'Italie. Le consul Eugène Tripet et son épouse russe Alexandra Féodorovna Skrypitzine sont séduits par Cannes et décident d'acheter un terrain au pied de la « Californie » pour y bâtir la Villa Alexandra. L'ouest de Cannes était habité par beaucoup d'anglais, l'est deviendra le lieu de prédilection des Russes. Eugène Tripet décide alors de s'installer définitivement à Cannes, une grande amitié s'annonce entre le couple franco-russe et Prosper Mérimée.

En 1856
Les marais de la pointe de la Croisette sont asséchés, l'urbanisation se fait doucement.

En 1858
Le premier immeuble de la Croisette apparaît, il s'agit d'un hôtel « Gonnet de la Reine » (42 boulevard de la croisette).

En 1859
L'Evêque de Fréjus rachète le monastère de Saint Honorat, le rendant ainsi au culte.

En 1860
La société des régates de Cannes naît grâce à la passion de quatre hommes : James de Colquhoum, Eugène Tripet-Skrypitzine, Léopold Bucquet (propriétaire de la villa Montfleury) et Victor Béchard (industriel). Les institutions françaises découpent la France en département, Nice est rattaché à la France et le département des Alpes Maritimes naît.

En 1863
Le duc de Vallombrosa crée le Yacht Club de Cannes. L'hôtel Gray d'Albion (né de la fusion de l'hôtel Gray et de l'hôtel Albion) est construit. La ligne de chemin de fer Paris-Lyon arrive à Cagnes sur Mer. Lord Henry Brougham n'a pas été écouté et la voie de chemin de fer emprunte le littoral. Naissance du Casino sur la croisette qui laissera sa place en 1867 à l'hôtel Beaux Rivages pour devenir ensuite le prestigieux Hôtel Majestic.

En 1864
Ouverture du Grand Hôtel sur la Croisette.

En 1865
Naissance de la société d'horticulture de Cannes sous l'impulsion de l'importante colonie anglaise passionnée de jardin.

En 1868
Lord Henry Peter Brougham and Vaux décède le 7 mai à Cannes, il avait 90 ans. Naissance du Boulevard de la Croisette. Inauguration du canal de la Siagne pour lequel Lord Henry Brougham s'était tant investi afin de développer l'économie du bassin cannois. Il avait fait appel au roi Louis Philippe en 1835 pour accélérer ce projet qui était pour la région un amplificateur commercial.

En 1869
Ouverture sur le quai Saint Pierre de l'embarcadère pour les îles de Lérins. Les moines cisterciens de Sénanques arrivent à Saint Honorat pour reconstruire le monastère.

En 1879
Arrivée à la gare de Cannes d'un convoi d'une dizaine de wagons en provenance de Saint Petersbourg. De ce train descend l'impératrice de Russie Alexandrovna, l'épouse du Tsar Alexandre II. L'impératrice séjourne à la Villa des Dunes. Dès son arrivée, cent coups de canons sont tirés par les navires russes situés dans la baie du Golfe Juan. L'impératrice reste plusieurs mois et reçoit toutes les célébrités du moment en donnant de magnifiques réceptions qui allaient donner à Cannes sa renommée mondiale. Russes, Portugais, Espagnols, Allemands, Anglais et Suédois se précipitent pour découvrir Cannes. La ville comporte désormais plus de quatre mille villas de luxe et une cinquantaine d'hôtels. C'est la première explosion immobilière.

En 1880
Le climat de Cannes est reconnu pour ses mérites et ses bienfaits sur la santé. La ville possède cinq établissements de cures thermales où sont prodigués des bains d'eau douce et d'eau de mer utilisant des procédés de vaporisation aromatiques extrêmement bénéfiques pour l'immunité générale et favorisant de ce fait toutes les guérisons. Les docteurs cannois Buttura, Orgeas et Gazagnaire sont les précurseurs d'une médecine naturelle sollicitant la ionisation et en particulier la propagation médicinale d'ions négatifs en 1885. Le Suédois Suante August Arrhenius donnera l'explication de ces mécanismes ioniques et sera prix Nobel en 1903. Il est acquis que Cannes bénéficie d'un climat très recherché et réputé pour les affections telles que les rhumatismes, la tuberculose, les maladies mentales d'origine nerveuse, les maladies de peau, les désordres digestifs et rénaux. Cannes réalise-t-elle qu'elle possède l'une des plus grande richesse qui soit ? Celle d'apporter bien-être et santé. Guy De Maupassant, la Tsarine Maria Alexandrovna, l'Archiduchesse Marie Antoinette d'Autriche sont adeptes des cures à Cannes. Le mimosa d'Australie fait son apparition à Cannes sous les initiatives de John Taylor qui est ne l'oublions pas jardinier. La troisième république se stabilise économiquement et favorise les investissements. Le pouvoir financier mondial est en Europe du fait d'un empire colonial énorme. Cannes jouissant d'un climat et d'une renommée sans égal voit affluer vers elle les riches investisseurs immobiliers.

En 1883
Création du premier grand boulevard à Cannes, le boulevard Foncière. La Foncière est une filiale du Crédit Lyonnais. Ce boulevard deviendra le boulevard Carnot et sera le premier à être équipé de lampadaires.

En 1884
Construction du marché Forville, structure métallique qui était la spécialité des grandes architectures urbaines du moment. Guy de Maupassant amoureux de la frénésie cannoise, des mondanités et passionné de plaisance s'installe à Cannes.

En 1887
A la place du « French Riviera » usité par les étrangers, Stephen Liégeard, sous-préfet et poète, impose le nom de « Côte d'Azur » avec un ouvrage intitulé du même nom. Cette appellation lui apparaît la plus appropriée et la plus poétique, lui qui venait de « Côte d'Or ».

En 1891
Le duc Michel Michaïlovitch, frère du Tsar de Russie Alexandre III est passionné par le golf. Exilé et demeurant Cannes, il crée Le Cannes Golf Club de Mandelieu la Napoule. Le duc fait venir les noms les plus prestigieux : Alphonse de Rothshild, le Roi Albert Edouard et les meilleurs joueurs britanniques, Braid, Jones, Ben Sayers, J-H Taylor, Vardfon, White et le meilleur joueur français, le Basque Arnaud Massy de Biarritz. Le rayonnement du Cannes Golf Club De Mandelieu la Napoule est tel que la société de chemin de fer consent à faire une gare à la Napoule. Emile Zola vient en cure à Cannes.

Fin du XIXe siècle
De nombreuses réalisations sont en cours : le tramway, la rue d'Antibes ou encore l'aménagement des plages de la Croisette. En 1900, la population cannoise est de 30 000 habitants.

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